Inuk en colère
- Par guibourg
- Le 02/10/2020
- Dans Premières nations
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Inuk en colère est le titre d'un documentaire vu sur la chaîne ICI Explora, produit par l'O.N.F., et réalisé par Alethea Arnaquq-Baril, en 2016. En résumé, la réalisatrice raconte quelles conséquences sur la vie des Inuits ont provoqué les campagnes de boycottage des produits fabriqués en peau de phoque.
Ce battage médiatique a commencé par les protestations de groupes de protection des animaux et de personnalités, dont Brigitte Bardot et Paul McCartney, autour de l’abattage des blanchons dans l’Atlantique. Aletheia, diplômée en droit, prend à coeur la défense du mode de vie des Inuits et juge injustes ces campagnes.
Elle raconte les vains efforts des Inuits pour communiquer avec des groupes comme Green Peace, l’IFAW et la HSUS pour plaider la cause des Inuits. Elle explique comment l’interdiction par l’Union européenne, ainsi que par d’autres pays dont les États-Unis, de commercialiser des produits faits de peaux de phoques, a fait chuter le prix des peaux de phoques et des produits dérivés privant ainsi les Inuits d’un revenu de subsistance. En 2015, à la veille d'un nouveau vote, des Inuits sont allé à Bruxelles et ont fait des représentations auprès de l’Union européenne pour abolir l’interdiction de 2009, expliquant que la chasse aux phoques fait partie d’un mode vie durable. N’est-il pas ironique qu’au même moment les sociétés pétrolières mènent des opérations d’exploration près des côtes de l’Ile de Baffin et du Groenland nuisant gravement à la faune marine?
Une campagne de sensibilisation auprès des députés européens n’a pas obtenu suffisamment d’écoute pour empêcher que l’interdiction soit renforcée. Ce que je viens de décrire motive le titre du film «Inuk en colère», mais je trouve que les Inuits ont été d’un calme tout à fait extraordinaires. Il faut vraiment le voir. On se désole parfois quand on apprend que le taux d’alcoolisme et de suicide dépasse de loin celui des autres groupes canadiens. La perte d’un moyen de subsistance important et d’un revenu décent pour vivre n’est-il pas source de découragement pouvant conduire à ces graves problèmes? On ferait la même chose à un groupe de producteurs québécois que je ne serais pas surpris de voir les mêmes conséquences.
Faites une expérience. Tapez Chasse aux phoques sur Google images. Les résultats de la recherche vous montrent quantité de bébés phoques. Qui peut s’imaginer que l’abattage des blanchons serait le fait des Inuits? que ceux qui ont vécu des milliers d’années avant nous auraient ainsi saccagé leur propre garde-manger? Non, ces images sont le témoin de campagnes médiatiques (très lucratives pour les groupes environnementaux) qui s’appuient uniquement sur les émotions et pas du tout sur une approche scientifique. Certains travailleurs de ces groupes se sont d’ailleurs excusé des dommages causés aux populations inuites. Quels gestes de réparation ont-ils posés ?
Ce film n’est pas sans évoquer nos propres luttes pour un développement durable dans des questions comme le transport des hydrocarbures ou l’agriculture biologique. Pouvons-nous rester indifférents devant ce que vivent les Inuits qui occupaient le territoire canadien bien avant nous et pour qui la chasse aux phoques a été un moyen de subsistance essentiel? On peut se demander par exemple jusqu’à quel point nos campagnes contre la chasse aux phoques n’est pas à l’origine de la baisse importante des populations de morues privant d’importants revenus les pêcheurs autant québécois que des provinces maritimes.
Michel Bourgault
Crédit photo: O.N.F.
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