Étrangers sur leur propre terre

Fotolia 103535979 xsattraprvesDes Québécois, pour la recherche, le travail ou l'aventure, ont fait connaissance avec les peuples dans le nord québécois. Les Naskapis sont l'un d'eux. Caroline Montpetit, du Devoir, écrit cette semaine sur une communauté nomade à cause de son mode de vie, la chasse. Elle a aussi été forcée par le gouvernement à s'installer à divers endroits comme Fort Chimo, Fort Nascopie et Fort Mackenzie. L'article rapporte le témoignage de deux jeunes rappeurs, mais les grands-parents ne sont pas loin quand on parle de conservation de la langue et des coutumes.

Lire les articles de Caroline Montpetit :

4 juillet: L’algonquin, une langue à la croisée des chemins.
10 juillet: Le naskapi, la langue qui a vu le caribou.

Quand je vais magasiner, il m'arrive de me garer à côté d'une camionnette de grosse cylindrée, à cabine allongée, 4 roues motrices, noire. Parfois, je croise ses occupants, autochtones, probablement atikamekws. Je dis probablement parce que je ne me suis jamais hasardé à leur dire Bonjour ou Kwe, le seul mot que je connais en algonkin. D'ailleurs, on se demanderait que veut bien une personne qui salue ainsi de parfaits inconnus. Comment se fait-il que je ne me résigne pas à considérer les autochtones qui habitent Manawan comme des inconnus? J’avais 22 ans à mes premiers contacts personnels avec eux; je faisais un stage d’un mois au pensionnat de Pointe-Bleue à la fin de l’année scolaire. Les olympiades du mois de juin terminaient l’année et permettaient aux jeunes Atikamekws de se faire valoir. Ils étaient plus jeunes que moi d’à peine 10 ans. J’ai peu de souvenirs précis, sinon le sentiment d’avoir été proche et utile dans leur joyeux rassemblement.

Un souvenir plus ancien encore m’a rapproché des autochtones. J’avais à peu près 10 ans quand ma famille a séjourné 2 ans à Opémiska (Chapais) où des Cris, je pense, habitaient une réserve. L’hiver, il m’arrivait de passer par un chemin qui traversait leur campement; leurs gros chiens esquimaux me faisaient un peu peur et nous passions vite sans nous arrêter. Je me souviens aussi d’un voyage de pêche au doré en canoë sur le grand lac Opémiska et c’est un autochtone qui nous servit de guide.

Il fut un temps aussi où j’enseignais à l’école polyvalente Thérèse-Martin et quelques Atikameks sont passés dans mes classes, en général des élèves parlant bien français et des plus motivés. Les noms Ottawa, Newashish et Moar me sont familiers et j’ai conservé le souvenir de relations empreintes de respect réciproque.

Voilà plusieurs raisons qui  m’incitent à continuer de m’intéresser à ce qui arrive aux membres des Premières Nations. Cette semaine et dans les semaines à venir, je lirai avec curiosité des reportages du Devoir qui nous font faire plus ample connaissance avec les nations autochtones de chez nous.
 

Image : Fotolia | Auteur: eriyalim